Elle faisait la manche

Publié le par bituic


C'était dans ce bus des rues les plus chics de Paris, après l'entrée rayonnante de parisiens épars, elle fut là.

Elle était énorme. Elle était beaucoup plus large, beaucoup plus grande, beaucoup plus visible que les autres. Elle avait mis ses affaires propres et chaudes pour sortir, et ce n' était pas la couverture sur son dos que l'on remarqua.
Elle rentra comme une sauterelle pleine de tissu, et s'éclipsa vers le fond.
Elle passa comme un courant, personne ne la regarda. Elle connaissait le quartier et n'y tombait pas par hasard. Elle avait pris le soin d'assortir sa maladie et son porte-monnaie vide, avec l'atmosphère net alentours.

Alors, en s'asseyant à côté de moi, elle m'interrogea poliment pour savoir si je pouvais lui accorder un petit service.
Nous étions voisine, elle venait d'emménager sur la place libre à côté de moi. Le ton de la confidence était là.
Pouvais-je lui donner une adresse de coiffeur, une recommandation pour un médecin spécialiste, un bon conseil de nettoyage? ... Oui nous en étions là, enfin moi.
Je voyais ce visage abîmé pendant que je m'approchais pour mieux l'entendre. Il était mangé de particules blanches qui parsemaient toute sa surface. Une sorte de pelure épaisse avec de rares aperçus de la peau initiale derrière. Elle devait avoir une maladie ailleurs. Sa peau annonçait quelque chose qui devait  faire mal.

-"Il y a peut-être un billet précieux Madame, ou 4 euros par exemple pour que je puisse prendre un repas chaud, ça, ça me ferait du bien, ça me réconforterait en ce moment".
-"Je vais regarder ce que j'ai... je n'ai que 20 centimes."
-"Vous n'avez que ça? Gardez-les."
-"Prenez-les toujours."
-"Bon, merci alors."

Là, elle se leva très vite et changea de place.
Elle se mit dans le sens du bus, une place de plus vers l'avant, et changea de rangée.
Elle fit tout aussi discrètement sa demande à ses voisines de devant ou de côté. Chacune lui répondait courtoisement.
Quelque chose la tuait intérieurement, ça avait même craquelé la surface de son visage, et elle appelait au secours calmement, poliment, selon les règles d'usage.

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L
<br /> J'aim beaucoup ton texte ma zor.. C'est donc à chaque fois des situations vécues?<br /> J'essaye d'organiser un diner avec rose a la maison et toi bien sur la semaine du 19 au 25 février, j'espere que tu auras des dispos.<br /> Gros bisous<br /> <br /> <br />
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